Pour la garde de Caroline

Il est l'heure. Tous les membres de la famille Owens se regroupaient autour de la table ronde faite en bois massif. Les uns affichaient leurs plus beaux sourires tandis que, les plus hypocrites faisaient mines d'être effondrés par la mort du Maréchal Owens, pilier de la famille. Seul son fils Mathias, ne jouait aucun rôle. Fatigué et anéanti par la mort de son père, il préférait prendre siège dans le coin le plus sombre de la pièce, loin de la table ronde... -Commençons maître, proposa Mathias. Sa voix cassée résonna dans la pièce et laissa des échos. Le juge et notaire du Maréchal Owens vint prendre place en tête de table et déclara la séance ouverte. - Oui maître, Commencez enfin. Dites-nous ce que mon cher beau-frère a légué à chacun d'entre nous pour qu'on en finisse, ajouta Martha. - Le Maréchal Owens était avant toute chose un ami qui m'était cher. Vous comprendrez donc que je mettrai tout en œuvre pour la réalisation de ses derniers souhaits. Et aussi, sachez qu'étant Juge de la région et notaire de la famille, le testament que je lirai ici, devant vous tous est irréversible. Et si... - Voyons monsieur le Juge, allons à l'essentiel, s'impatienta Martha. - Vous demeurez propriétaires des domaines dans lesquelles vous vivez actuellement. Les salaires de vos personnelles seront réglés par un huissier qui était préalablement désigné par le Maréchal lui-même avant sa mort. Les voitures et... - Monsieur le juge, l'essentiel ; ordonna Martha avec une pointe d'agacement dans la voix. - Mis à part les banalités, toutes les entreprises, les comptes en banques, les demeures outre celles dans lesquelles vous vivez actuellement, celles à l'étranger, les manoirs et les villas au nom du Maréchal sont actuellement transmises à la personne de Caroline Owens. - Vous dites? Questionna Martha outrée. Debout devant le juge, et perchée sur ses talons hauts, elle surpassait le vieil homme de toute sa taille. Martha jeta un œillard à l'assemblée et chercha le regard de Mathias. Ce dernier resta impassible et ne laissa transparaître aucune émotion trahissant son état d'âme. Rouge de colère, Martha reporta son attention sur le vieux juge cabré dans son siège. -Mais que dites-vous vieil homme ? Répondez-moi toute suite, s'emporta t-elle. Les autres membres de la famille, bien qu'étant aussi choqués, continuaient toujours de jouer leurs rôles de désintéressés. Seule Martha s'offrait en spectacle et cela ne surprenait personne. Tout le monde le savait, elle convoitait férocement l'héritage qui devait revenir à Mathias, une fois le Maréchal décédé. -Aucun d'entre vous, même pas Mathias, n'est l'héritier du Maréchal Owens. Et comme je le disais tantôt, l'unique personne à qui revient cet héritage, est Caroline Owens. Mais bien évidemment, il existe une condition. Un ouragan de mécontentement s'éleva dans la pièce. Ils souhaitaient tous avoir des explications. Martha comprenait correctement le fait que Mathias soit déshérité puisque ce dernier n'entretenait pas de bonne relation avec son père. Elle avait même déjà anticipé ce coup, en quittant Mathias pour son oncle toujours dans le but d'accéder à l'héritage du Maréchal Owens. Mais aujourd'hui, elle trouvait l'histoire de l'héritière surprise insolite. -Et qui est-ce donc, cette héritière miraculée ? Une jeune maîtresse éplorée ? Une demi-sœur prodige ? Qui est-elle ? Questionna Martha avec un sourire narquois sur les lèvres. Le juge se tourna vers Mathias, et prit la parole. -Caroline Owens est juste une petite fille de six mois. Elle est la fille unique de Mathias jusqu'à ce jour et par conséquent, l'unique petite fille et l'héritière miraculée du Maréchal Owens. Les bourdonnements s'estompèrent sur le champ et Mathias tiqua sous le regard scrutateur de Martha. -Baliverne ! cria Martha. C'est confirmé, vous êtes fou, Mathias Owens n'est le père d'aucune bâtarde. -Mais regardez-le, il a tiqué, il ne reconnait pas cette héritière et tout cet argent devait lui revenir, s'emporta Léon, un cousin éloigner de Mathias. Mathias ne se mêlait toujours pas de la discussion. Il ne s'attendait pas non plus à être l'héritier de son père. Sa présence ici était dans l'unique but de prendre connaissance des dernières volontés de son père et de veiller à ce qu'elles soient respectées. Mais il ne s'attendait pas à cette ruse. Père d'une fille de six mois ? Aussi loin qu'il s'en souvenait, il n'avait pas encore mit une fille enceinte et il se demandait même si il en était capable. Toutefois, voyant la mine déconfite de Martha, il vit en cela un moyen de se venger d'elle et alors, il décida de jouer le jeu de son père, persuadé que c'était un jeu. -Qu'elle est cette condition monsieur le juge, pour que ma fille entre en possession de son héritage, questionna Mathias sous les regards médusés de tous. -Comme je le disais tantôt, il existe une condition. Caroline étant encore trop jeune pour entrer en possession de son immense fortune, celui qui aura la garde de la petite, pourra gérer à sa guise la fortune, répondit le juge. Martha vit en cela une opportunité et sourit. Mathias comprit ses intentions et sourit à son tour en la dévisageant. Il se leva et ramassa sa veste. -Je m'en vais ramener ma fille à la maison. Martha réprima l'envie de lui lancer un défi en public puis se tut. Elle se promit en elle-même, d'obtenir la garde de cette petite. *************Corrigé √